Tout au sud de la France, là où les Pyrénées et la Méditerranée unissent leur destinée, se trouve Tresserre, sous le soleil, exactement…
Tresserre : ce nom doit son origine au latin « trans serram », au delà des collines.
Le village se situe sur les premières collines qui sont le piémont des collines des Aspres.
Sa position géographique
À 158 m d’altitude, sur les premières collines, Sa position géographique fait partie de ses atouts, car la vue embrasse un panorama étendu de la mer aux montagnes.
À 17km de Perpignan, 20 km de la mer, 15km de l’ Espagne, 100km des pistes de ski et de l’Andorre, proche de stations thermales réputées, c’est un village qui vit et grandit comme les ceps de vigne qui l’entourent, lentement mais sûrement, au grand soleil. Tresserre compte aujourd’hui 1169 habitants.
Un village chargé d’histoire
Le village, né des grands défrichements du Moyen Age, est constitué au départ d’un noyau de misérables demeures dont l’emplacement se situerait derrière l’église.
Il apparaît vraiment dans les écrits au 5ème siècle, les terres du village appartenant à la puissante abbaye de St Michel de Cuxa et à la Commanderie du Mas Deu. Nidolères, son hameau près de la rivière le Tech, date de la même époque.
A compter du 13ème siècle, Tresserre devient une baronnie. Inclus dans le Royaume de Majorque, il possède un « palais » (el palau) qui serait résidence d’été des rois de Majorque trouvant en ces lieux un climat sain, loin des moustiques qui infestent la basse plaine et le littoral marécageux. Derrière l’église, on peut voir dans certaines habitations et sur quelques murs des vestiges de l’architecture de ce « palau ».
Au 15ème siècle, le roi Louis XI annexe le Roussillon et l’Aspre qui échappent ainsi à la domination des rois de Majorque et d’Aragon.
Deux siècles plus tard, le Roussillon (dont Tresserre), l’Aspre et des villages de Cerdagne deviennent définitivement français par le traité des Pyrénées (1659).
Pourtant, la dernière page de son histoire mouvementée s’écrira en 1793 et 1794, lors de la Bataille du Boulou, inscrite sur l’arc de Triomphe.
Le roi d’Espagne, Charles IV tentera en vain de sauver son cousin Louis XVI, conformément au Pacte de Famille liant les Bourbons des deux pays.
Le gouvernement français, né de l’avènement de la République, ne tolèrera pas cette « ingérence » et la Convention déclarera en mars 1793, la guerre à l’Espagne, combats dont la victoire française sera signée entre autre sur les terres de Tresserre lors de la Bataille du Boulou. Non sans souffrance car le village fut incendié en avril 1794.
Une histoire économique
Un climat sain, un ensoleillement optimum, des terres nourricières, feront de Tresserre l’emblème de la trilogie méditerranéenne : blé, huile, vin.
Au 19ème siècle, la commune exploite ses terres de la sorte, comme aux siècles passés ; les « pâtures », terres arides, sans eau, sont dévolues aux ovins, caprins et porcins.
Le moindre repli de vallon, la moindre terre de ravin, sont de petits potagers qui profitent des pluies plus fréquentes alors. Près du Tech, des bois d’ormeaux fournissent la matière première solide pour les outils et les chariots : occupation judicieuse et optimale de l’espace.
Fin 19ème siècle, les vignes, qui n’occupent que 100 des 1800 hectares de la commune, se développent pour atteindre près de 800 ha à la veille de 1914.
La vigne s’adapte très bien à ces sols puissants, argileux pour la plupart, ou couverts de ces graves arrachés au cours des âges aux Pyrénées.
1853 : l’avènement du chemin de fer favorise le commerce, le transport des vins.
Tresserre s’oriente vers cette monoculture qui ne se départira plus, la seule adaptée à ce climat dur et fécond à la fois.
Les deux dernières décennies du 20ème siècle voient une mutation : un vignoble qualitatif remplace le vignoble traditionnel, les caves deviennent de performants outils modernes, une politique de commercialisation et d’ouverture au tourisme voit le jour ; le Tresserre d’aujourd’hui se profile.
Cependant la viticulture connaît un nouveau recul.
Tresserre aujourd’hui
Tresserre, en 2015, est un village qui grandit.
Sa proximité de Perpignan ou d’autres pôles économiques du Roussillon attirent une population séduite par le cadre et la qualité de vie.
D’autres personnes viennent pour passer une retraite heureuse dans une séduisante région.
De nouveaux lotissements voient le jour, des activités associatives nombreuses animent la vie locale.
Tresserre compte un important hameau, Nidolères, en cours de développement avec ses activités économiques (vente de vin au caveau, restaurant) et très peu de métairies dont l’implantation, jadis, fut liée au problème des sources.
Des bourgades proches comme Le Boulou, Thuir ou Céret complètent avantageusement les potentialités de la commune.
Découvrir le village
Intra muros, le promeneur curieux pourra lire sur les murs l’histoire du village.
Il découvrira ses caves à vins en brique et en pierre, modestes ou non, nées au début du 20ème siècle, transformées pour certaines en maisons d’habitation mais reconnaissables à leur grande porte rectangulaire et aux petites ouvertures destinées à la ventilation.
Le promeneur découvrira la « maison bloc » typique de l’agriculture du 19ème siècle : écurie au rez de chaussée, habitation à l’étage, récoltes au grenier, au niveau duquel se dessinent encore les vestiges de la structure métallique de la poulie permettant de hisser les gerbes.
Il observera cette architecture catalane faite de briques, les cayrous, encadrant les ouvertures, et de pierres de garrigue ou de cailloux roulés par le Tech, sertis au mortier de chaux. Les petits tessons de céramique ou de scories des forges catalanes servaient à extraire l’humidité des murs, tout en décorant originalement : on trouve ces techniques au Mexique, où des maçons catalans s’étaient expatriés.
En levant la tête, il admirera les corniches ouvragées qui bordent les toits, les chéneaux et gouttières en argile verte vernissée, fleuron de la céramique locale, et il s’étonnera de cette tuile recourbée ornant certaines faîtières : c’est la corne de « Bruixes » destinée à éloigner les sorcières !
Il ne retrouvera qu’un seul puits, réhabilité, vestige des nombreux puits qui desservaient le village.
L’église Saint Saturnin, joliment restaurée voit ses origines vers le 10ème siècle : un fait original, le 14 juillet 1789, alors que les échos de la Révolution Française et de la prise de la Bastille n’étaient pas encore parvenus jusqu’ici, s’y déroulait un mariage !
Extra muros, le promeneur verra se dessiner un paysage viticole encadré par la ligne bleue de la mer et des Albères pyrénéennes, les collines des Aspres, le majestueux Canigou (2784m).
A quelques kilomètres du village, un sentier balisé le conduira sur les traces de la Bataille du Boulou, dont les furieux combats bouleversèrent le village. Le site, point culminant de la commune avec ses 199m, est agrémenté de panneaux pédagogiques et d’une table d’orientation à caractère historique, géographique et stratégique.
Un nouveau parcours est en voie de création.
Sentier historique qui cottoie un des chemins de Compostelle.
Rédigé par Amédine Mas.